Proclamation de Napoléon à l'armée le 15/06/1815
Soldats, c’est aujourd’hui l’anniversaire de Marengo et de Friedland, qui décidèrent deux fois le destin de l’Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous crûmes aux protestations et aux serments des princes que nous laissâmes sur le trône ! Aujourd’hui, cependant, coalisés contre nous ils en veulent à l’indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus juste des agressions : marchons donc à leur rencontre ; eux et nous, ne sommes-nous plus les mêmes hommes ?
Soldats, à Iéna, contre ces mêmes Prussiens, aujourd’hui si arrogants, vous étiez un contre trois, et à Montmirail, un contre six.
Que ceux d’entre vous qui ont été prisonniers des Anglais vous fassent le récit de leurs Pontons et des maux affreux qu’ils ont souffert !
Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la Confédération du Rhin, gémissent d’être obligés de prêter leurs bras à la cause des Princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable. Après avoir dévoré douze millions d’Italiens, un million de Saxons, six millions de Belges, elle devra dévorer les Etats de deuxième ordre de l’Allemagne.
Les insensés ! Un moment de prospérité les aveugle. L’oppression et l’humiliation du peuple français sont hors de leur pouvoir ! S’ils entrent en France, ils trouveront leur tombeau !
Soldats ! Nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir ; mais, avec de la constance, la victoire sera à nous : les droits, l’honneur et le bonheur de la patrie seront reconquis.
Pour tout Français qui a du cœur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr !
Napoléon